Ce que racontent les zones intertidales, ce n’est pas seulement une histoire d’algues ou d’oiseaux. C’est aussi celle d’une humanité rivée, depuis des siècles, à la marée.
Un espace habité, produit et rêvé
- Les pêches à pied (crevettes, palourdes, coques) animent les grèves depuis le Néolithique. On a retrouvé des outils de pêche vieux de 2 000 ans près du Verdon-sur-Mer.
- Les carrelets, ces cabanes perchées sur pilotis qui décorent la Gironde, existent grâce à la douceur des fonds intertidaux : ils offrent abri, loisir, et lien entre generations.
- La récolte du sel, autrefois intense notamment dans le marais de Saintonge, exploitait la capacité des prés salés à piéger l’eau.
- Les zones intertidales sont aussi des laboratoires pour la recherche scientifique (biodiversité, climat), mais aussi pour l’imaginaire : Jules Verne y promène ses héros et les peintres y puisent depuis longtemps inspiration et couleurs.
Les menaces sur un équilibre précaire
Longtemps jugées de peu de valeur, les zones intertidales sont aujourd’hui menacées, à la fois par l’aménagement du territoire (digues, assèchements pour la construction ou l’agriculture), l’introduction d’espèces exotiques (telles la Spartina anglica, plante invasive originaire d’Angleterre), et la pollution diffuse.
Le changement climatique accélère le mouvement. Si le niveau de la mer s’élève de 50 centimètres d’ici 2100 — projection du GIEC pour l’Atlantique nord —, près de 30 % des zones intertidales de la Gironde pourraient être submergées ou transformées (source : BRGM 2023, rapport sur les zones côtières aquitaines).
- Le « recul du trait de côte » menace par érosion ou submersion les paysages vasières.
- L’artificialisation des rives leur retire de l’espace vital.
- L’apport excessif de nutriments (eutrophisation) bouleverse l’équilibre microbien et végétal.