La salinité n’est pas qu’un chiffre lu sur un appareil. Elle est une force qui modèle, façonne, et parfois menace les paysages vivants. Tabliers de vase, éclats argentés des salicornes, murmures des zones où la mer s’invite sans prévenir. Si l’on sait observer, la répartition des plantes le dit à sa façon plus sûrement qu’une borne scientifique. Ici, chaque brin de jonc, chaque touffe de soude, témoigne d’un équilibre précaire.
Vouloir préserver la singularité des estuaires, c’est accepter cette étrangeté salée : la protéger, l’accueillir, la comprendre. Les marais et les prés salés ne sont pas de simples marges entre fleuve et océan : ils sont la mémoire vivante d’une danse millénaire entre eau, sel et racines. Et l’on sait que cette chorégraphie, aujourd’hui, mérite toute notre attention.